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Emanuele FADDA

Sur deux modèles alternatifs pour présenter didactiquement le CLG

Ma proposition est inspirée par mon activité didactique de présentation de Saussure aux étudiant(e)s de première année. Elle est fondée sur une constatation: il est impossible à présent de réduire l'enseignement saussurien au CLG, mais néanmoins il est impossible d'y renoncer totalement (comme il est cependant suggéré par S. Bouquet et d'autres).

Cela dit, la seule solution, à mon avis, c'est de présenter le CLG a coté d'autres textes saussuriens (ou notes d'étudiants), et d'essayer de raisonner sur les rapports entre le CLG, tel que Bally et Sechehaye l'ont structuré, et un corpus d'autres écrits. On a donc (au moins) deux possibilités, qui différent par rapport au rôle assigné au CLG:

  • la première, c'est de présenter un corpus de textes dans l'ordre chronologique. Cela implique la constitution d'un canon de textes 'majeurs'. Mon corpus à moi serait le suivant : conférences inaugurales de 1891, Essence double / Science du Langage, Notes Whitney, Notes Item, introduction au deuxième cours (Godel 1957), « reprise » du troisième cours (Saussure 2008 : 236 suivv.). La présentation du Cours pourrait se faire à la fin de ce chemin. À ce moment, il serait plus facile de montrer les interventions des curateurs et leur partie de responsabilité dans la structure du CLG.
  • La deuxième, c'est le chemin inverse : assumer le CLG en tant que texte à lire, mais en se réservant le droit d'ouvrir des fenêtres sur les autres textes à chaque occasion où il est question d'un sujet traité ailleurs. Ex.: où l'on parle de la langue en tant qu'institution, on pourrait introduire les Notes Whitney ; à coté du petit chapitre sur la sémiologie, on pourrait lire l'introduction au deuxième cours ; on pourrait confronter le chapitre sur Immutabilité et mutabilité du signe avec la structure des Conférences inaugurales de 1891 ; etc. Ce procédé nous permettrait de montrer comment la linguistique saussurienne telle qu'elle est présentée dans les trois cours n'est pas naite toute armée de la tête de Jupiter.

La deuxième solution est plus facilement réalisable, mais la première aurait le mérite de restituer même aux étudiant(e)s le sens d'une recherche inlassable et jamais accomplie, sans diminuer le rôle objectif du CLG en tant qu'œuvre systématisée pour la linguistique et les sciences humaines. Pour cette raison, la réalisation d'une anthologie saussurienne conçue pour les étudiant(e)s est souhaitable.



Saussure, Ferdinand de

19222, Cours de linguistique générale (éd. Par Ch. Bally et A. Sechehaye, avec la collaboration d'A. Riedlinger), Lausanne/Paris, Payot.

1957 Introduction au deuxième Cours de linguistique générale (d'après des notes d'étudiantes), éd. par R. Engler, «Cahiers Ferdinand de Saussure» 15, 1957, pp. 3-103

2002, Ecrits de linguistique générale (éd. par S. Bouquet et R. Engler), Paris, Gallimard.

2006, Troisième cours de linguistique générale (d'après les notes d'É. Constantin), "Cahiers Ferdinand de Saussure" 58, pp. 83-290.