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Yamina OUDAI CELSO

L’héritage saussurien dans la théorie psychanalytique du symbolisme onirique entre Freud et Lacan

Si le rêve est défini par Freud comme « la voie royale qui mène à l'inconscient », il est bien évident que son interprétation joue un rôle crucial dans le décryptage du langage symbolique de l'Es. D'ailleurs le « Ça » lacanien, pendant qu'il « parle », utilise plusieurs moyens d'expression, tels que le lapsus, le mot d'esprit, le symptôme névrotique, l'oubli des mots, l'acte manqué etc., parmi lesquels le rêve, avec ses déguisements mystérieux et hallucinatoires, et les racines anthropologiques de ses pratiques interprétatives, se caractérise par une complexité linguistique individuelle et culturelle extraordinaire. De plus, on assiste déjà chez Freud, de la célèbre Traumdeutung (1899) jusqu'à l'essai Über den Gegensinn der Urworte (1910), à un véritable renversement de perspective, c'est-à-dire à une évolution très intéressante de la théorie du symbolisme onirique : après une première approche plutôt mécanique et abstraite –la soi-disante Chiffriermethode–, fondée sur une correspondance rigide et prédeterminée entre le « contenu manifeste » et le « contenu latent » de chaque élément du matériel onirique, on parvient finalement à une symbologie beaucoup plus raffinée et complexe du point de vue linguistique, c'est-à-dire à une théorie herméneutique qui, par la méthode des associations libres, identifie dans chaque patient le Traumbuch ou « livre des rêves » de soi même. Des connections encore plus explicites entre linguistique et théorie psychanalytique du rêve sont également à remarquer par exemple au sujets des phénomenes –très fréquents dans les images oniriques– de Verdichtung (condensation) et Verschiebung (déplacement) et leur possible association aux notions de métaphore et métonymie (voir la querelle entre Jakobson, Lacan et Benveniste à ce propos). Cette contribution vise donc à explorer l'usage des catégories et des suggestions saussuriennes dans la théorie du symbolisme onirique chez Freud et chez Lacan, soit du point de vue généalogique et génétique (médiations et intermédiations, implicites et/ou explicites, des textes et des auteurs) soit au niveau des réélaborations conceptuelles, c'est-à-dire en focalisant l'attention sur les enjeux et les contextes spécifiques où la « boîtes à outils » de Saussure est ici utilisée.



BIBLIOGRAPHIE SECONDAIRE

Arrivé, Michel, Linguistique et psychanalyse, Éditions Hermann, 2013.

Arrivé, Michel, « "Conscience de la langue" et inconscient chez Ferdinand de Saussure », La Célibataire, 2012, pp.107-124.

Kejdan A., Alfieri, L., Deissi, riferimento, metafora. Questioni classiche di linguistica e filosofia del linguaggio, Firenze University Press, 2008.

Oudai Celso, Yamina, Freud e la filosofia antica. Genealogia di un fondatore, Bollati Boringhieri, Torino 2006.

Oudai Celso, Yamina, « Dalla crittografia all'associazione libera: il contributo freudiano alla nozione di simbolo ». Uno-Molti, 2008/2, pp. 57-74.

Pier, John, « Symbolisation freudienne et intertextualité », Semen [En ligne], 9 | 1994, URL : semen.revues.org.